Cryptographie elliptique
avec Marie et Bruno
- La cuvée 98 du DEA.
En juin 1998, il y avait dans notre DEA de maths pures cinq étudiants
désireux et capables de faire de la recherche, et ils n'interessaient
personne d'autre que moi.
- Régis, "le meilleur", a eu une
bourse en juin et a fait une excellente
thèse avec
moi sur les catégories supérieures (sous la direction officielle de JML).
- Dès juillet, j'ai eu vent d'une bourse contrôlée par
Bernard, et j'ai
convaincu
Laurent B. de se lancer dans l'aventure de la géométrie appliquée.
Bien lui en a pris puisque, peu après la soutenance de sa thèse coencadrée
par Bernard et moi, il a été recruté comme chercheur à
l'Inria.
- Fabrice,
lui, était trop branché maths pures. Il a préféré attendre septembre,
où il a obtenu une allocation du deuxième tour. Il a fait une belle thèse
de géométrie projective très classique. A la suite de quoi, en 2002,
pendant sa première année d'Ater, sur mon invitation, il s'est mis à
programmer des exercices de première année en
Wims. Dans cette activité,
il s'est révélé encore plus doué que pour la géométrie
algébrique. Depuis il est agrégé dans le secondaire, plus ou moins détaché au rectorat pour la
formation à Wims, un logiciel de
toute beauté sur lequel il a
publié un livre.
- Laurent C., qui était lui aussi très branché
maths pures, a longuement hésité avant de
prendre la bourse Inria qu'on lui proposait pour faire une thèse coencadrée
par Loïc et moi sur la formalisation des maths.
- Finalement seul Bruno est resté sur le carreau.
C'est comme ça que j'ai
découvert que je pouvais faire de la recherche appliquée.
- Les années noires du DEA.
Les trois années suivantes, j'avais donc quatre thésards, et je me suis
borné à soulager les copains en encadrant les mémoires de Minh (qui voulait
voyager et que j'ai envoyé faire un PhD chez Igor, c'était en 99), de
Raphaël (2000) et de Delphine (2001). L'année 00/01 a été l'année la
plus noire du DEA avec un nombre d'étudiants normaux très voisin de zéro.
C'est là que j'ai proposé de diversifier les cours et les débouchés de
notre DEA, en y introduisant notamment des cours de lambda-calcul, de
cryptographie, et de maths financières, eh oui.
- Le renouveau.
C'est donc en 01/02 que Sandrine et Bruno ont fait le premier cours de
cryptographie de notre troisième cycle. Issus de cette cuvée, Olivier est
parti faire une thèse de crypto à Paris (qu'il vient de soutenir), et Marie
a commencé elle aussi une thèse de crypto que Bruno m'a demandé de
coencadrer. Depuis le DEA est devenu master2, il est passablement diversifié
et prospère (27 étudiants cette année).
- La thèse de Marie.
En fait, il fallait non seulement apprendre la crypto, surtout pour Marie
moi, mais aussi il fallait trouver un sujet. Je n'ai pas eu
beaucoup d'idées, mais heureusement, au bout d'un an, j'en ai eu une:
élaborer un système de chiffrement à base de courbes elliptiques sur un
anneau artinien, typiquement Fq [X]/X2. La thèse consiste
à mettre à l'épreuve de ce système les nombreux concepts introduits
plus ou moins récemment pour l'évaluation d'un système de chiffrement.
C'est un cocktail avec de la géométrie algébrique, de la complexité et
des probabilités.
Le travail de Marie a été bien accueilli par les
experts:
- Marie.
Marie compte soutenir juin 2006. Elle a une pêche d'enfer.
J'espère bien que les gens qui recrutent en
crypto sauront l'apprécier.